Carnet de route

The Freewheelin' Pen-Hir
Le 09/06/2017 par Sarah et Loup
La Route
Samedi matin, c’est une joyeuse troupe qui se réunit sur le parking du Décathlon. Direction Pen-hir ! Tout le monde connait la route ? C’est bon ? Alors en voiture ! Tibo, Loup et moi montons dans le carrosse d’Ali (Prince Ali vous connaissez ?). La route nous permet d’apprendre à nous connaitre et les discutions vont bon train ! Loup, bercé par la souple conduite d’Ali, finit par s’endormir. Notre pilote et son adjoint commencent à philosopher sur la paternité lorsque nous croisons le panneau « Le Faou » (chacun prononcera cette ville comme il l’entend). Cela dit bien quelque chose à nos deux compères, mais ils décident de continuer leur chemin. Arrivés à Brest, il faut bien se rendre à l’évidence, nous sommes allés trop loin. Demi tour donc ! Nous cherchons un panneau « presqu’île » et nous tournons au premier venu. C’est lorsque nous nous rendons compte que nous sommes sur la presqu’île de Plougastel (et non celle de Crozon) que Loup, réveillé par nos pérégrinations, nous annonce tout sourire qu’il dispose d’un super GPS sur son téléphone portable ! Le week-end s’annonce ubuesque !
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A ce point du récit, je me dois d’apporter quelques précisions (ce n’est plus Sarah qui parle, c’est Loup). En effet j’ai subtilement convaincu Sarah d’écrire l’ensemble de ce rapport quand bien même m’étais-je proposé durant le weekend pour assumer cette tâche. J’avais en effet prévu de m’attribuer tous les mérites mais force de constater que face à tant de libertés prises face à la réalité je me dois de rétablir l’exacte vérité. Premièrement, dire que j’ai « dormi » n’est absolument pas exact, je pense (mais je n’en veux à personne) que ce qui a été pris pour un somme était en fait mon traditionnel exercice de récitation des décimales de Pi, que je fais bien entendu beaucoup mieux les yeux fermés. Dans les bons jours je cale environ à la 850e, ce qui peut prendre un petit bout de temps. Que ce soit clair, je ne cherche pas d’excuses et ne vois pas de problème au fait de dormir, j’ai d’ailleurs un très bon ami à moi à qui cela arrive régulièrement.
Redonnons la parole à Sarah
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Atelier coinceurs
Samedi après-midi, nous partons aux pieds des falaises afin d’apprendre à se servir de coinceurs. Le coinceur est un ustensile étrange, ressemblant plus à un appareil de torture du Moyen Age qu’à un point de d’ancrage protecteur. Sylvie, pleine d’enthousiasme souhaite s’entrainer à chuter là-dessus ! Je la savais téméraire mais quand même ! Juan plein de sagesse, nous le déconseille fortement. Me voilà rassurée, je vais grimper sur des pinces qui potentiellement risquent de partir avec moi …
Heureusement, nos supers encadrants Thomas, Juan et Julien sont aussi pédagogues que détendus. C’est avec calme et sérénité qu’ils nous enseignent l’art de coincer ! Les plus confiants se lanceront dès le premier jour en tête. La prudence étant mère de sureté, je fais partie du groupe des seconds.
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Loup à nouveau : Ici je ne vois rien à redire, le discours de Sarah est clair, précis, teinté d’une touche assez épique, médiévale même.
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Une nuit mouvementée
Après quelques bières et un repas convivial (merci Sylvie pour les courses !), nous allons nous coucher. Mais quelques heures après avoir fermé l’œil, je me réveille, tous les sens en alerte. Quelque chose ne tourne pas rond. D’horribles cris arrivent jusqu’à mes oreilles et je sens une sueur froide couler lentement le long de mon dos. Des coups répétés, des hurlements. Un drame doit se dérouler dans le paisible camping de Camaret. Mais qui ? pourquoi et dans quel but ! ? Je passerai bien la nuit à mener l’enquête, mais pour l’heure, ce qui me préoccupe le plus est une pressante envie d’uriner. Qui vais-je rencontrer sur ma route ?
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Hurlements, hurlements… Là on est vraiment limite ! Sarah n’est donc pas coutumière du théâtre Nô, cet art traditionnel japonais, si intelligemment rythmé et mélodieux (quoiqu’un peu gutural parfois) ?? Le clair de lune était en effet si enveloppant qu’il nous fut pris Juan Ali et moi même d’une envie d’improviser quelques vers. Il est vrai, et en toute modestie que nous avons pu à quelques moments atteindre de hauts et sonores sommets de virtuosité. Quant à ces allégations violentes, blessantes, nous les condamnons vivement et présentons nos excuses au peuple japonais, en les assurant que nous continuerons à contribuer à la vie de leur grande culture.
En bonus : https://www.youtube.com/watch?v=lu5Vn1vQ5i4
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Encordez encordez, encordez nous
Dimanche, remis de nos émotions de la nuit, nous partons pour la course d’arrête des trois pointes. Petites manip pour s’encorder et nous voilà partis. Munies de mes chaussettes remontées jusqu’aux genoux, je ne crains ni le froid, ni les égratignures (et je sens bien que je rends jaloux quelques uns de mes compagnons !)
Quel bonheur d’évoluer le long de la roche au dessus de la mer ! Le parcours est admirablement bien choisi, et nous avançons sans risque. Une bonne manière de se mettre en confiance et d’apprendre sereinement à « coincer » ! Nos fidèles encadrants jouent à merveille les éclaireurs (bien que nous ayons eu peur de perdre Juan, parti sur un chemin scabreux). Nous mangeons dans un écrin de mousse et de fleurs, entre deux pics, face à la mer. L’instant est magique. Nous pouvons ressentir la belle convection qui nous lie.
Sabotage ou accident ?
Lundi, c’est parti pour la grande voie sur coinceurs. Tels des pirates partant à l’assaut d’une île mystérieuse, nous descendons la falaise en rappel, au beau milieu de la brume. A l’abordage ! Les coinceurs n’ont qu’à bien se tenir ! Petit à petit, le soleil dessine les contours des îles et de la roche, qui viennent se refléter dans une eau translucide.
Deux voies s’offrent alors à nous. L’une offre une magnifique traversée et disparait derrière un pan rocheux. L’autre, plus simple sans doute, s’élève, majestueuse au dessus de nos têtes ! Christophe, Tibo et Loup choisissent la première (dans un élan de courage ou par excès de confiance ?). Sylvie, Juan et Thomas choisissent la deuxième. Au sol, je reste avec Julien mon compagnon de cordée, ainsi que Thomas et Ali. Les mouettes planent au dessus de nos têtes, les rayons du soleil caressent nos visages … Tout semble trop calme quand soudain ! Le bruit caractéristique de la chute et, derrière le pan de roche où sont partis Loup, Christophe et Tibo, deux pieds pendent dans le vide ! Un frisson me parcoure l’échine ! Ce sont les pieds de Tibo. (je les reconnais aisément, peu de gens chaussent du 47 !) Thomas, qui voit son visage de là où il se trouve me rassure : tout va bien, c’est le genou qui a tapé. En effet, peu de temps à près, les pieds recollent à la roche puis disparaissent. Nous avons à peine le temps de nous remettre de nos émotions qu’un bruit sourd retenti, faisant trembler la falaise ! Cette fois, c’est Loup qui est suspendu dans le vide. L’air se charge de tension, les mouettes sont semblables à des vautours, tournant autour de leur proie. Les pieds ne recollent pas à la roche et à la tête d’Ali et de Thomas, je comprends qu’ils ne choisiront pas cette voie. Ces deux incidents soulèvent de glaçantes questions : Christophe a-t-il voulu se débarrasser de ses partenaires ? Est-il lié aux évènements de la nuit de samedi ? As t-il des complices dans le groupe ?
Loup finit pourtant par repartir et je n’ose imaginer les pièges qui les attendent encore. Fort heureusement, Julien a installé le premier relais et je peux m’élever à mon tour, vidant ainsi mon esprit de tous ses tourments. Et le spectacle qui s’offre à mes yeux est grandiose ! Que de beauté autour de nous. (Je trouve le paysage un peu moins charmant lorsque j’aperçois un coinceur qui se balance au dessus de ma tête, gloups !). Arrivés au sommet, nous retrouvons Loup et Tibo, livides mais souriants, les regards vides mais vivants !
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Loup again. Je vous dois une explication. Je suis un peu honteux de ne l’avouer que maintenant mais la vérité doit être faite sur cette histoire, nous n’avons pas chuté du tout.
Tibo et moi, plein d’entrain à l’idée de suivre Christophe dans cette belle ascension, ne pouvions contenir notre joie. Sous la présence de nos encadrants il est évident qu’il ne nous était pas décemment permis de céder ainsi à l’émotion, Tibo a donc préféré attendre d’être hors de vue de l’autre côté du pilier pour sauter joyeusement dans le vide et réaliser un splendide saut pendulaire, riants aux éclats à mesure que l’accélération le rappelait aux souvenirs des douceurs caramélisées des fêtes foraines. Je le laisse remonter jusqu’au relais, ravi, quand enfin vient mon tour. Je récupère le matériel sur la route et cliquète à toute rompre lorsque je m’élance, conscient de cette chance qu’il m’est donné de pouvoir tester une deuxième fois la solidité du relai de Christophe, basé sur les trois minis coinceurs câblés de son jeu.
Ce n’est qu’une fois pendu au bout de ma corde, l’adrénaline ayant à peine eu le temps de terminer sa montée, que je vois le regard de Thomas de l’autre côté du rocher, avec un regard soucieux. Il a été alerté sûrement par le bruit de mon atterrissage parfaitement contrôlé sur la roche. Conscient de m’être fait prendre la main dans le sac, je remonte vite au relais où nous convenons avec Christophe et Tibo de mettre au point un plan pour nous couvrir. C’est décidé nous allons tous deux simuler une blessure, (à l’aide d’un impressionnant jeu d’acteurs, et un peu de faux sang d’Halloween que je garde toujours dans une poche au cas où).
Nous terminons cette matinée en héros, certes un peu honteux de nous jouer ainsi de notre belle équipe, mais quand celle ci nous presse d’arrêter de grimper et d’aller plutôt terminer la journée à la plage avec une bière, nous nous rappelons à notre devoir de convivialité, cher au CAF, et acceptons dignement cette mission.
La route du retour ne fut pas pleine d’embûches et je pus confortablement réciter mes décimales, que je vous soumet si vous aussi vous voulez faire un peu partie de cette aventure :
3,141592653589793
Merci Sarah, merci les orgas, merci la team et Ali notre chauffeur d’exception, mission accomplie !