Carnet de route

ANETO Septembre 2023

Le 23/09/2023 par BOUGEANT Thomas

ANETO 23/09/2023 :

Avec Claire, Etienne, Vincent, Mathilde et Thomas

 

Comme beaucoup de sorties Pyrénéennes, tout a commencé à l’Ibis Budget de Pau, quand nous avons mis le matériel dans la voiture pour reprendre la route… Ah, non ! Ce n’est pas une histoire de voiture qui roule. En fait, le début c’est plutôt ça : Une réunion de 5 cafistes un 13 septembre sur les bords de Loire. Objectif : L’ascension, une semaine plus tard du Pic de l’Aneto, point culminant des Pyrénées (3404m) situé en Espagne dans le parc naturel Posets-Maladeta.

Le groupe se découvre : Thomas, l’Encadrant, Mathilde et Claire, cafistes aguerries et Vincent et Etienne, 2 néophytes des sorties CAF randos alpines.

Les moustiques ayant envahi Nantes depuis quelques jours, la réunion prend des allures de danse Flamenco où chaque claquement de mains vise à l’éradication des nuisibles et à la bonne écoute des consignes de Thomas. L’heure n’est donc pas à Séville, aux castagnettes et aux tapas, mais plutôt aux Pyrénées Espagnolles, aux chaussures tiges hautes obligatoires et aux pique-niques à base de barres de céréales. Ces dernières consignes provoquent quelques réactions plus ou moins timides, mais nous sommes là pour apprendre et nous nous soumettons aux volontés de Thomas. L’avenir nous rappellera de toujours écouter Thomas.

Une semaine plus tard, nous prenons la route direction l’Ibis Budget de Pau, l’occasion d’apprendre à se connaître un peu plus et de regarder et commenter les prouesses de l’équipe de France de rugby face à la Namibie.

Le lendemain matin, la télévision branchée sur les chaînes infos nous martèle ses dernières informations à coups de bandeaux racoleurs et d’invités politiques façon Gargamel. Il est grand temps de charger la voiture et filer retrouver la quiétude des montagnes.

Après quelques kilomètres, les panneaux routiers, les noms de villes et nos opérateurs nous rappellent que nous arrivons en Espagne. Le moment pour nous de constater que personne n’a appris l’Espagnol.

Le ciel devient de plus en plus chargé, mais la grisaille est vite oubliée alors qu’autour de nous les montagnes commencent à se découvrir. Au fil des kilomètres, la route se rétrécie et le paysage devient de plus en plus sauvage laissant apparaître un décor de plus en plus minéral.

Arrivés au parking de la Besurta, nous chaussons nos tiges hautes et abandonnons le superflu dans le coffre de la voiture pour rejoindre le refuge de la Rencluse avant que la pluie tombe. Au bout des 240 petits mètres de dénivelés, nous sommes accueillis par une horde de chatons avide de gouter à la chaleur (toute relative) du refuge et dont leur maintien à l’extérieur semble être la principale activité des gardiens.

Quelques minutes après, durant le déjeuner, nous apercevons les premières gouttes de pluies et pouvons constater les différences de régimes alimentaires de chacun allant de quelques graines et tranches de fromages pour certains à un menu entrée/plat/dessert copieux pour d’autre(s).

Le règlement et l’administratif du refuge nous rappel une nouvelle fois que personne ne maîtrise la langue de Cervantes et la présentation d’une pièce d’identité valide devient une aventure (note pour plus tard : ne pas oublier sa carte d’identité !).

La météo nous empêchant de faire les ascensions prévues, pendant que certains font la sieste, d’autres bravent la pluie pour parcourir les sentiers autour du refuge ou retourner à la voiture récupérer duvets et chaussures basses. Pour certains les vacances d’été sont déjà loin et l’appel de l’air de la montagne est plus fort que la pluie.

Fatigués par le brouhaha d’un refuge bondé, de tentative de « gracias » aux accents italiens durant le repas et une folle partie de Uno, nous rejoignons nos lits en prévision d’une longue journée et de l’objectif de notre sortie, l’Aneto !!!

Reposés, nous nous réveillons à 5h pour un départ à 6h. Le ciel étoilé et la douceur matinale nous laisse envisager une journée radieuse. Les groupes de frontales serpentent le long du sentier traversant bois et végétation. L’atmosphère est propice à l’apaisement et la méditation, rythmés par le pas métronomique de Thomas, ponctué de quelques « Ola ! Bon dia ! » (Ça y est, nous nous faisons enfin comprendre en espagnol !!!).

Le ciel s’éclaircit, les premiers rayons du soleil percent les derniers nuages de la journée, dévoilant des cimes reposants sur une plaine granitique. Nous pouvons éteindre nos frontales et faire une première pause au lac de Salterillo.

Débute alors une longue marche sur des rochers lisses rendus glissants par la neige tombée la veille, l’occasion de constater l’ampleur du recul du glacier de l’Aneto alors que nous évoluons dans ce qui semble être des vestiges de son lit.

Le glacier de l’Aneto est le plus grand d’Espagne, mais sa superficie réduit à vue d’œil. Alors que les records de chaleurs se sont succédé cet été, le glacier Aneto est en « phase terminale ». En une quarantaine d’années, la surface totale du glacier a diminué de près de 65 %.

Ceci a un impact sur les conditions d’ascension et la dangerosité de la voie normale (instabilité du glacier, chutes de pierres). Thomas a donc adapté le parcours pour garantir la sécurité de la course, nous obligeant à être à l’affut du moindre cairn.

Vers 2900 mètres d’altitude, la fine pellicule de neige et le gel qui couvre la roche nous oblige à mettre les crampons et troquer les bâtons pour les piolets. Puis nous nous encordons au niveau du glacier, aussi bien pour la sécurité que pour la révision des manipulations de cordes. Les pieds s’enfoncent dans la poudreuse (merci Thomas pour les tiges hautes). Après quelques mètres sur le glacier, la variété de terrain change de nouveau pour des parois plus verticales. La rando alpine prend des allures de course d’alpinisme (cotation PD-) où il est parfois nécessaire de mettre les mains et planter les crampons.

En longeant la crête nous arrivons enfin sur le fameux Pas de Mahomet, court passage à sensation forte juste avant l’accès au sommet. La période reculée dans la saison nous permet de ne pas trop subir la sur fréquentation et nous pouvons nous lancer sans trop attendre après avoir décramponné. Spectaculaire, par le gaz qui nous entoure, le Pas de Mahomet ne comporte pas de difficulté particulière tant qu’on ne souffre ni de l’appréhension du vide ou de fatigue due au mal des montagnes.

Quelques mètres après, nous sommes enfin réunis au sommet. Tous souriants, se congratulant, remerciant le ciel pour ces conditions parfaites et Thomas pour tout le reste. Mais le vent glacial aura raison de notre effusion. Le temps d’un carré de chocolat, d’un selfie et il est déjà temps de redescendre par le même chemin.

Une belle et nouvelle énergie nous accompagne tout le long de la descente et c’est avec un enthousiasme certain que Thomas assène un « Non » franc et massif à une randonneuse demandant de l’aide pour la descente, pour immédiatement la rassurer devant son visage décomposé et lui dévoiler que c’était une blague. L’occasion pour le groupe de se désencorder et pour Thomas de nous montrer ses talents de chevalier servant, relayé rapidement par un Vincent au grand cœur.

Dernière pause au lac de Salterillo : tiens !!! Nous constatons qu’il est 16 heures et que nous n’avons pas encore pique-niquer, ni même ressenti l’envie…

Derniers efforts et dernière montée avant de rejoindre le refuge et de terminer cette magnifique course.

 

7 heures le lendemain matin. Nous sommes dans les derniers levés dans notre auberge Espagnole déserte. Le soleil est radieux et il est déjà temps pour nous de rentrer à Nantes. La veille au soir il a été décidé de privilégier un bon restaurant et une visite et de Pau plutôt que de devoir courir pour grappiller quelques minutes de randonnées supplémentaires pour un intérêt incertain.

Nous rejoignons la voiture direction Pau pour le restaurant Le Poulet à 3 Pattes, nous proposant une vue magnifique sur la chaîne Pyrénéenne et plus particulièrement le pic du Midi d’Ossau. Cette escale paloise est l’occasion d’une brève visite avec l’espoir plus ou moins dissimulé que l’un de nous craque pour un nouveau pied-à-terre à proximité des Pyrénées. Nous nous transformons en véritables touristes admirant le château, la moindre œuvre d’art aux allures de Tancarville et s’octroyant une descente en funiculaire.

C’est désormais l’heure de reprendre la route, toujours devant les matchs de rugby, les jambes raides, mais l’esprit rempli de belles émotions.

 

Un grand merci à Thomas pour ces conseils avisés et l’ensemble du groupe pour ces moments de rigolades, de partage et cette belle énergie.

 

Etienne (alias la poubelle de table, alias Guillaume)







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