Carnet de route

Sortie dans le Verdon

Sortie :  Gorges du Verdon [Complet] du 03/10/2020

Le 03/10/2020 par Seure Marion

Six cafistes fous, chauffés à blanc par un confinement, un report et beaucoup trop d’annulations de sorties, arrivèrent à La Palud-sur-Verdon un bel après-midi d’octobre. Les 11h de route n’avaient pas tari leur motivation et ils se ruèrent dans les rappels de la Dent d’Aire, pour remettre les chaussons et tater les premières dalles.

Au bout des cordes, on trouvait :
Christophe P., des rêves plein la tête, un antique magasine illustré de portraits d’Edlinger et de Berhault sous le bras, foulait le calcaire du Verdon pour la première fois. Mais sa danse sur le rocher aurait pu laisser penser qu’il y avait toujours grimpé.
Jean-Etienne, grimpeur vagabond, naviguant de falaises en révolutions, apporta aux Nantais son enthousiasme débordant et sa détermination sans faille.
Olivier, se demandant : les spits dans les dalles, pour quoi faire ? Une créature que l’on ne trouve que dans les fissures, dont le poids de ferraille dépasse celui de sa chair, et avec qui il est difficile d’entrer en communication, sauf à parler le langage de Pete Whittaker (auteur de Crack Climbing).
Christophe J., infaillible et fougueux comparse du précédent, toujours prêt à l'accompagner dans ses projets sauvages et engagés.
Samuel, du lisse, du lisse, du raide, donnez-lui quelques gouttes d’eau, mettez un peu de patine sur les pieds, et vous en ferez un homme comblé.
Marion, laissée seule parmi une horde de grimpeurs mutants, a dû oublier qu’elle n’avait pas de bras, repousser ses limites physiques et reporter la lecture des 36 bouquins qui l’accompagnaient, pour apporter un zeste de mixité.
 
Une fois son dense programme établi, la horde partit à l’assaut des falaises.
Les gros coinceurs furent étrainés dès le 1er jour dans la renfougne de Bottes-Surbottes (04/10, Olivier/Christophe P.). Le voyage au pays de la fissure se poursuivit le lendemain dans la Demande (05/10, Christophe P./ Christophe J. - Olivier/Samuel). Comme 13 longueurs, c’était beaucoup trop pour Samuel, il emporta son coéquipier en corde tendue dans une fissure retorse. Toujours plus de fissure, toujours plus de renfougne, toujours plus de difficultés, voilà Ula (07/10, Christophe P./ Christophe J./ Olivier) (?). Et comme Olivier et Christophe n’en avaient toujours pas assez, ils achevèrent leur voyage dans l’Estamporanée, où ils se déployèrent dans de larges fissures (08/10, Olivier/Christophe J.).
La folie d’Olivier n’avait plus de limite ; il réussit à transporter l’ensemble de la horde à Annot (06/10), oasis de grès au sein d’un désert calcaire, paradis de la fissure et des coincements en tous genres. On l’avait perdu. Il courait frénétiquement d’une faille à l’autre, en se ravitaillant au passage à son magasin de coinceurs, installé au pied des voies.
Heureusement, quelques irréductibles dalleux et dalleuse firent honneur au gris verdonesque. Un premier vol en grande voie pour Marion dans Afin que nul ne meurt, variante 3615, (04/10, Samuel/Marion) et un vol immortalisé entre deux points un peu éloignés pour Samuel dans Rêve de fer (07/10, Jean-Etienne, Olivier, Samuel) ont prouvé la témérité des troupes. Une petite escapade dans la Dérobée (05/10, Jean-Etienne/Marion) et son dièdre magistral laissèrent une belle impression de vide entre les jambes, tandis que les prises patinées de Pour une poignée de gros lards firent zipper quelques pieds (07/10, Christophe P./Marion). Curieuse de découvrir de nouvelles contrées, une cordée s’est risquée à franchir le Verdon pour aller danser sur la paroi du Duc (Valse pour Manon, 08/10, Jean-Etienne, Samuel, Marion). Ils faillirent bien perdre Marion, coincée au milieu de la tyrolienne, à cause de ses abdos rendus impuissants par les rires. Pour conclure le séjour en beauté, deux cordées empruntèrent la descente des Malines pour aller se confronter à Une Histoire sans fin (08/10, Christophe P./Jean-Etienne) et aux Fils de l’haltère et du pan, une dalle qui penche dangereusement dans le mauvais sens et qui rappelle l’utilité de savoir faire quelques tractions (08/10, Samuel/Marion)…
 
Bilan de la semaine, quelques émotions dans les rappels : emporté par son enthousiasme à l’idée de conquérir Rêve de fer, Jean-Etienne se laissa filer le long des cordes, manquant le dernier relais de la voie. Il se retrouva au beau milieu d’une paroi vierge de toute aspérité. Ses coéquipiers se battirent corde et âme pour l’extirper du vide. Mention spéciale pour la spectaculaire remontée sur corde de Christophe P. dans le rappel coincé de Sucepé (04/10, Christophe P./Jean-Etienne). C’est probablement la sortie où le CAF de Nantes a fait pleuvoir le plus de chaussures : le chausson volant de Jean-Etienne dans les rappels de Valse pour Manon et la basket perdue d’Olivier dans les tréfonds de l’Estamporanée.
 
Mais, nous en faisons le serment (pour rendre ce texte un peu performatif*, sans ultracrépidarianisme**…), ils repartirent tous avec des étoiles plein les yeux.
 
* Performatif : se dit d’un verbe dont l’énonciation constitue simultanément l’action qu’il exprime.
** Ultracrépidarianisme : comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée. 
(Et oui, au CAF de Nantes, on cultive aussi notre vocabulaire pendant les sorties...)
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