Carnet de route

randonnée alpine dans les Picos de Europas mais non dans les Bauges!
Sortie : randonnée alpine dans les Picos de Europas du 18/07/2020
Le 17/08/2020 par Bénédicte HUVELIN BOUARD
Les Princes des Monts Tordus
Il fallait bien un bizut pour rédiger le compte-rendu de ce séjour :-) et ils n’ont pas mis longtemps à me pointer du doigt, mes acolytes ! Dernière cafiste entrée au club (et de surcroît, fraichement de cette année) j’étais la victime toute désignée ! C’est sans doute une manière de m’intégrer dans leur famille, et je suis prête à signer tout de suite pour la prochaine virée, alors c’est avec bon cœur, mais non sans malice, que je m’y atèle !
Pieuse novice en randonnée alpine, j’étais ravie de découvrir le milieu avec une joyeuse équipe expérimentée qui m’a enseigné un vocabulaire technique poussé : prise de fesse, photo avec le doigt, dré dans l’pentu, trouduc, boulet, etc. Il faut préciser qu’en rando alpine avec le Cafna, le boulet est celui qui a fait un sac léger et compressé alors que les autres ont emporté une chaise pliante, une table et un t-shirt sec pour la pause déjeuner :-) Autre interprétation, dotée d’un peu de mauvaise foi, le boulet c’est celui qui s’oblige au moindre confort alors qu’il est sous-entendu dans la description du parcours, qu’il pourra se délester d’une bonne partie de sa charge au camping puisqu’une partie du séjour se fera en étoile…
Pour comprendre notre itinéraire, je vous invite à consulter le petit lexique ci-dessous. Le groupe dans sa totalité ayant été pris de dyslexie sur l’intégralité du parcours (impossible de retenir le nom d’un mont, d’un col ou d’un pic) voici un memo qui va palier à notre aphasie momentanée, et qui nous vaudra pour cette échappée, le surnom de « Princes des Monts Tordus » :
Le Péquenot : Mont Pécloz
La Cloche : Mont de la Coche
Le Trélobe : Mont Trélod
Le Besherelle : parking de Précherel
Le Pont de Carlos : parking de la Cariat
Le Pan du Fra : Plan de France
Le col de la 4G de dingue : Col d’Orgeval
Le Komenkisappeldeja : Mont d’Arménaz
Les nouvelles grandes Jorasses : Massif de la Lauzière
Voici la bande : Bénédicte, Francis, Marie, Dom, Michel-Henri (MH), Jean-Marc(J2M) et moi-même, Élise. Pensée pour Sylvie que je n’aurais pas eu le temps de connaître cette fois-ci, car elle n’a pu se joindre à nous suite à un malheureux accident. On lui souhaite un prompt rétablissement !!
Nous partîmes donc à 7 de Nantes le 19 juillet pour 5 jours de randonnée alpine, et après une longue route nous plantâmes 3 tentes au camping des Cyclamens à Châtelard dans le massif des Bauges.
Jour 1 :
Le 20 juillet, nous partons de « Besherelle » 989 m d’altitude, en ayant pris soin de laisser une 2e voiture au « Pont de Carlos » en prévision de notre fin de marche 2 jours plus tard. On croise les doigts pour que la bouteille de camping gaz n’explose pas dans le van qui restera tout ce temps en plein cagnard…
Le chemin à travers les alpages est large et ouvert sur paysage vert et accueillant, puis se prolonge étroitement dans une jungle d’herbes hautes où les bourdonnements d’insectes sont assourdissants. La météo est superbe, le ciel bleu azur et le soleil haut, c’est donc ruisselant que nous nous arrêtons au « Pan du Fra » 1535 m d’altitude, pour déguster notre meilleur pique-nique du séjour, celui où le pain est encore moelleux, le saucisson n’a pas encore sué et les préparations maison n’ont pas encore moisi dans leur sac hermétique… Au loin entre les arbres, le Mont-Blanc se dresse fièrement, illuminé. Plus tard, nous croisons 2 vieilles cabanes aménagées au toit de tôle, l’une d’elle a même un poêle, mais personne n’ose s’assoir sur les matelas qu’on imagine habités… Au « col de la 4G de dingue »1743 m d’altitude, le paysage est magnifique à 360° et l’on découvre plus bas dans l’autre versant le chalet d’Orgeval (alt 1670 m) qui nous attend pour la nuit avec sa bière sans alcool et sa source rafraîchissante. C’est dans cette fontaine que nous ferons nos ablutions, sous les regards perplexes des touristes montés à la fraîche en 4x4. Nous estimons avoir bien mérité notre kilo de pâtes, la demie tomme, le clafoutis et la bouteille de rouge avant de dormir sur de vrais matelas, dans le grenier de cette ancienne étable aménagée.
Jour 2 :
Le 21 juillet, le temps est menaçant. Le ciel est sombre mais nous décidons malgré tout de tenter l’ascension de la Pointe d’Arcalod (alt 2217 m) que l’on aperçoit du refuge, 600m plus haut. La grimpe doit se faire en partie avec les mains, et après de nombreuses hésitations, nous rebroussons chemin à 150m du sommet car la pluie commence à tomber. À regret, on redescend prudemment en désescalade. Mais on ne se laisse pas abattre, et on se dirige vers un sommet plus facile. La pluie tombe à nouveau, Béné et Francis décident de rentrer au refuge où nous dormirons à nouveau ce soir. Nous continuons notre route vers « la Cloche » (alt 2070m) alors que le ciel se dégage, et c’est finalement à la recherche d’un coin d’ombre que nous ferons notre pause déjeuner ! La journée de marche a été écourtée, mais nous ne sommes pas mécontents de profiter du charme du refuge et de sa vue imprenable sur les « Nouvelles Grandes Jorasses » ;-) Après une mémorable partie de « Trouduc » nous perfectionnons notre technique de toilettage grâce à une bassine et un coin discret derrière le « sentier des chiottes ». La propriétaire du lieu nous cuisine une délicieuse omelette que nous agrémentons de pâtes et de tomme, et nous concluons à l’unanimité par une mystérieuse tarte à la bouillie. La soirée se déroule joyeusement autour d’un feu de bois en compagnie de 4 sympathiques belges champions d’Ultimate (la crème de la crème, nous dit-on) et de 2 chambériennes.
Jour 3 : D+ 655 m et D- 1384 m et 10 km 150
Le 22 juillet. Frustrés d’avoir été vaincus la veille, nous remontons les pentes de L’Arcalod pour la seconde fois, mais cette fois avec des sacs légers pour la demi-journée, et escortés par quelques marmottes et une famille galopante de chamois ! La découverte du sentier vertigineux n’étant plus une surprise, il se grimpe avec plus d’assurance, excepté quelques passages impressionnants pour les novices en escalade. C’est tout heureux que nous redescendons au chalet pour la pause pique-nique : on a fait l’Arcalod ! Puis nous reprenons le chemin qui descend vers le van garé au « Pont de Carlos », qui par chance n’a pas explosé… La petite trempette au ruisseau permet de désenfler les pieds meurtris et les genoux abîmés. Le soir, après quelques emplettes au supermarché, nous plantons à nouveau nos tentes au camping des Cyclamens, puis bénéficions d’une douche bien méritée et d’un bon repas chaud.
Jour 4 :D+/- 1349 m et 13 km 250
Le 23 juillet, nous garons le van au même endroit que la veille, mais cette fois en vue de faire le « Péquenot »(alt 2197m), plus au Sud. Le ravitaillement étant moins problématiques puisque nous retournerons à la civilisation le soir-même, nous nous offrons une dégustation de barres énergétiques, les unes de fabrication maison, d’autres au goût improbable de curry ou de piment. Les alpages menant au sommet sont magnifiques mais les taons qui cohabitent avec les vaches ne nous permettent pas de nous arrêter. Plus haut, dans un pierrier, quelques chamois peu impressionnables se dorent la pilule. Avant le sommet, le sentier se pratique avec les mains, mais après avoir crapahuté sur l’Arcalod, on est moins intimidé ! D’en haut, on distingue la crête acérée qui mène au Komenkisappeldeja ; le versant Sud descend bien vertement dans les alpages, tandis que l’autre versant abrite des failles abruptes qui tombent « dré dans l’pentu », comme des toboggans sur lesquels personne n’a envie de glisser. MH et moi décidons d’emprunter ce chemin de crête, tandis que le reste de la bande redescend vers les alpages et attendrons que l’on réapparaisse de l’autre côté. Leur patience a été mise à épreuve car, au somment du Komenkisappeldeja (alt 2158 m), nous loupons le sentier caché sous une végétation luxuriante et nous engageons trop à l’Est, vers la falaise qui surplombe Albertville. Il nous faut un certain temps pour nous sortir de cette impasse, perdus en travers d’une pente sans sentier qui tord nos chevilles, et craignant de nous être égarés dans la Zone de Recherche interdite… Un hélicoptère tourne au-dessus de nous, et je maudis mon t-shirt jaune fluo très éblouissant avec lequel je ne peux pas passer inaperçue… On retrouve finalement nos compagnons un peu refroidis sous un arbre, et on redescend pour le traditionnel bain de pied au ruisseau, sans avoir été interpelés par les autorités.
Jour 5 :D+/- 762 m et 7 km 600
Le 24 juillet est le dernier jour de notre virée dans les Bauges. Il pleut ce matin, et nous imaginons un plan B, avec balade touristique ou visite à la ferme. Le temps de réfléchir, la météo vire sur un grand ciel bleu, et nous reprenons nos bâtons. Le sentier qui mène à la Dent des Portes(alt 1932 m) est fait de glaise humide. Après 1h30 de glissades en sous-bois, le terrain se dégage. Mais Francis a eu sa dose ! Il redescend par un autre chemin tandis que nous continuons notre ascension. Dom et Marie repèrent de beaux murs qu’elles rêvent d’escalader. JM fait des photos de petites fleurs. Les derniers mètres avant le pic sont abruptes mais faciles. C’est notre dernier pique-nique sur les hauteurs, mais avec les restes du repas de la veille, c’est un vrai festin ! On réalise avec un petit pincement que c’est notre dernière descente, mais la fin sera joyeuse, car on retrouve Francis qui nous emmène dans une laiterie tenue par la fille d’un ami, et on assiste à la traite du soir, après avoir acheté quelques délicieux yaourts. Le séjour s’achève dans un resto, l’assiette est généreuse et tout le monde se régale, surtout Francis avec sa tête de veau !
Jour 6 :
Le 25 juillet, le van remonte sur Nantes avec Marie, Dom, MH, J2M et moi, tandis que Francis et Béné continuent leurs vacances dans les Alpes. J’espère vous revoir tous bientôt et partager avec vous de nouvelles aventures !!
Élise.
plus de photos: https://www.flickr.com/gp/184968682@N03/osJq5E