Carnet de route
Trad à l'Envers des Aiguilles
Sortie : Trad à l'envers des aiguilles du 27/06/2020
Le 27/06/2020 par Samuel Girardin
Comme à son habitude les Nantais (Olivier, Christophe, Alexis, Julien, Étienne, Samuel) sont partis se frotter une semaine au granit chamoniard et à ses fissures...
Après un échauffement sur le petit site école des Gaillands - qui est tout de même plus grand que Pont-Caff - l’équipe fraîchement arrivée préparait déjà 2 courses au gendarme rouge du Peigne... inutile d’expliquer d’ailleurs pourquoi on a choisi ce secteur… sans doute un rapport avec un grimpeur de l’équipe.
Au programme Arête des papillons D 450m et Voie Vaucher TD 400m, toutes deux accessibles depuis le Plan de l’Aiguille. La journée se déroula sous un ciel couvert dans une ambiance plutôt austère, l’Aiguille du Midi dans le brouillard étant la pour nous rappeler que l’on avait définitivement quitté les pays de la Loire ! Deux cordées étaient parties sur un objectif un peu long et comme attendu une des cordées n’a pas pu avoir la dernière benne de retour à Cham, c’est parti pour 1000m de dénivelé pour finir la journée (et on ne diras pas qui c’est) !
Après cette préparation (en attendant l’ouverture du refuge qui avait été reportée à mardi) il était temps pour nous de quitter l’Auberge de Chamonix et de prendre de l’altitude pour rejoindre le refuge de l’Envers des aiguilles…mais les 6 cafistes très motivés ne savaient pas encore ce qui les attendait.
Lundi matin, départ pour l’Envers en empruntant le train du Montenvers : pas de chance il ne circulait que les week-ends en cette période particulière, et cause de fortes rafales pas de benne non plus ! Même en ayant pris soin d’avoir des sacs pas trop lourds on n’était pas tous motivés à monter directement à pied depuis Chamonix au refuge (faudrait quand même pas trop se fatiguer !), d’autant plus que midi approchait déjà ! Après de longues réflexions et hésitations au sein du groupe, on décida de repousser le départ au lendemain matin. La suite de la journée, même si elle ne se passait pas à la verticale d’une paroi n’en fût pas moins trépidante… Olivier en communication directe et fréquente avec Ève la gardienne du refuge avait donc annoncé que l’on arriverait, non pas ce soir mais demain. Il en profita pour laisser entendre qu’avec la journée précédente on était pas tous d’attaque pour marcher bien chargé, jusqu’au refuge. C’est à ce moment-là que tout bascula: on entendit Olivier confirmer « 30 kg », « sacs cabas » puis venir vers nous en nous annonçant : « À défaut de pouvoir nous héliporter (la commission environnement peut-être rassurée !), Ève nous propose de prendre une partie de notre matériel dans l’hélico ». Et oui c’était l’ouverture, donc plusieurs héliportages allaient être effectués pour ravitailler le refuge. Complètement surpris mais sans trop hésiter, on accepta et Olivier et Ève se démenèrent pour mettre en place la logistique, pendant que d’autres se reposaient ou flânaient « chez Snell ».
Mardi matin, départ sous un beau soleil par un chemin boisé et arrivée sans encombres (malgré les fameuses échelles) vers 15h30 au refuge. 0uf, notre matériel était bien arrivé ! Après une courte pause, il était déjà temps de repartir pour un petit échauffement sur les premières longueurs des voies les plus proches, idéalement avec de belles fissures pour salir un peu ces gants neufs.
C’était donc parti pour la suite des aventures, dans ce refuge magnifique avec vue sur la Mer de Glace, les Drus, la Dent du Géant, l’Aiguille Verte et bien d’autres sommets, aiguilles, arêtes et pointes. Le rituel des fins de journée allait pouvoir s'installer : lecture des nombreux topos, doutes, réflexions, constitution des cordées, préparation du sac et le moment tant attendu le superbe dîner du refuge de l’Envers, merci Ève et Agathe !
Parlons quand même un peu sérieusement des exploits effectués : Ambiance Eigerwand TD+ 300m, Voyage au bout de l’envers TD+ 300m et Children of the moon TD 300m sur l’Aiguille de Roc. Je m'arrête ici pour le moment car je crois qu'il serait intéressant de nous attarder sur quelques péripéties des cafistes :
Quelques difficultés dans Voyage au bout de l’envers, des passages où le cheminement n’était pas évident mais Christophe a assuré et fini par trouver comment passer. Ce qui n’a pas été tout à fait mon cas…après une belle bataille dans un passage dulfer athlétique, l’envie m’a pris de traverser horizontalement et périlleusement (mais ca je ne le savais pas avant bien sûr) sur une vingtaine de mètres, croisant plusieurs voies et m’indiquant que je m’étais définitivement planté ! Christophe a suivi sans broncher et nous avons retrouvé progressivement l’itinéraire, ouf ! Nous n’avons quand même pas eu le temps de finir la course avec en plus le mauvais temps qui arrivait sur la fin de l’après-midi. Heureusement le refuge n’est pas loin ici !
Pendant ce temps-là Olivier et Julien était dans une longueur assez retors de leur voie. Un pas assez morpho nécessitant un peu d’allonge. Après plusieurs essais, Olivier débordant d’ingéniosité, eut une idée. « Et si j’utilisais mon décoinceur comme crochet d’artif ? ». Julien prêt à assurer une potentielle chute et un peu sceptique sur cette nouvelle technique, le décoinceur qui ripe un fois ou deux et puis ca finit par passer ! Pas sûr que ca marche à tous les coups néanmoins, à ne pas reproduire chez vous donc !
Continuons avec : Bienvenue au George V TD+ 350m et Amazonia TD+ 350m sur la Pointe des Nantillons et Magie d’Orient TD- 350m sur la pointe … d’Orient … et oui ! Une fois n’est pas coutume laissez-moi vous narrer une petite anecdote.
Alexis et moi-même cherchions désespérément l’attaque de Magie d’Orient. Rien ne ressemblait vraiment au topo, de plus la neige étant encore assez présente ce qui changeait potentiellement les points de vues. Finalement après quelques heures de recherches de cette voie à priori assez facile Alexis arriva à hauteur d’un relais. Je l’ai rejoint assez soulagé de pouvoir démarrer la voie. Puis on a très vite compris que l’on était en fait à R3. On prit la décision de redescendre en rappel (on a évidemment coincé la corde), jusqu’au départ de la voie malgré notre retard. Notez le soucis de l’éthique ! J’ai en plus fait tomber mon décoinceur dans les premières longueurs (technique: prendre en photo le sol et noter d’une croix rouge où il se trouve, grâce à ça j'ai pu le récupérer à la descente).
La météo était globalement favorable jusque-là, mais la journée de jeudi fut assez pluvieuse et bouchée, ce qui nous a permis de faire des parties de Scrabble (version deluxe old edition) endiablées avec les gardiennes du refuge. Mais ce n’est pas tout, c’est quand même des aventures du CAF : une reconnaissance pour Samuel et Olivier dans les premières longueurs trempées de la dernière voie de la semaine Subtilités Dulfériennes (quel joli nom !) et pour Christophe, Julien et Alexis l'occasion d’aller inspecter la Rimaye menant à l’Aiguille de la République. Résultats des courses : il est possible de grimper sur des dalles mouillées, merci le granit chamoniard - et malheureusement pas de République pour cette année, on espère qu’elle sera encore là l’année prochaine !
Finalement le programme du vendredi fut le suivant : Marchand de sable TD+ 300m sur la Tour Rouge, Subtilités Dulfériennes TD+ 500m sur l’Aiguille de Roc ! La cordée dans Marchand de sable est allée en haut, belle récompense pour la fin de la semaine ! En revanche, peut-être il y avait-t-il un peu trop de subtilités pour Olivier et moi dans ces successions de Dulfer magnifiques : la voie a fini par avoir eu raison de nous, un projet de plus pour la prochaine édition donc !
Dernier repas à l’Envers, on était plus tout seul le week-end approchant, le refuge s’était rempli. Cela ne nous a évidemment pas empêché de raconter une dernière anecdote…encore une ? Enfin, je sais que vous en mourrez d’envie.
Quelques relais au dessus de la Rimaye, une cordée guette des yeux au loin un point sombre sur le névé. C’était Étienne et Julien, en train d’observer une marmotte se déplaçant sur le névé en bas, une marmotte c’est chouette quand même et à l’Envers on en voit pas si souvent ! Quelques minutes plus tard la joie fit place à la stupeur quand ils virent la marmotte se rapprocher dangereusement des affaires d’Étienne : elle se mit à attaquer sa chaussure et la chaussette qui allait avec ! Après avoir essayé de la faire fuir (en vain) perché depuis les hauteurs, il ne restait plus qu’à espérer que la marmotte ne s’attarde pas trop…La prochaine fois n’oubliez pas de laisser les affaires un peu plus haut ! Chers lecteurs, rassurez-vous, la photo de la chaussette (enfin ce qu’il en reste) est disponible plus bas.
Retour samedi à Chamonix avec le Montenvers cette fois-çi (pour certains) et à pied pour ceux qui voulaient encore profitez des derniers instants seuls en montagne !
C’est ainsi que se conclut cette belle semaine à Chamonix, belle météo, belles voies (belles anecdotes) et surtout quel bonheur de passer tous ensemble cette semaine en montagne ! On attend la prochaine édition !




